Portrait d’Homme, portrait d’âme
Photographier l’humain
En mai dernier, je suis rentrée d’une formation avec Luis Garvan, un photographe mexicain qui fait des portraits poétiques des gens. Je suis allée faire cette formation pour m’aider à réaliser des portraits des personnes seules et pour exprimer des choses profondes chez elle. Des émotions, un trait de personnalité, quelque chose qui n’est pas palpable et visible à l’oeil nu, vous voyez ce que je veux dire ? Photographier l’humain quoi.
Ces derniers temps, j’ai entendu des personnes dire de moi que je photographiais les âmes des gens. Ça me touche parce que ça me parle vraiment. Je n’ai aucune prétention. Je ne sais pas si c’est vrai, je ne cherche pas à le savoir ni à m’auto proclamer ainsi mais j’aime cette idée de photographier une partie des gens qui semble n’appartenir qu’à eux et qui vient du plus profond de leur être. C’est ma démarche : voir au delà du regard physique que l’on peut porter sur quelqu’un, voir avec son coeur, ses tripes et sa sensibilité.
Je suis revenue de cette formation complètement chamboulée. Je prends de plus en plus conscience que la photographie n’est pas mon métier, à proprement parler. Ça me gave de penser business, argent, communication… Faire ci pour avoir ça, être plutôt comme ci que comme ça… La photographie est mon moyen d’expression, un moteur, une nourriture, une quête de moi même. Cette formation m’a mis face au fait de me retrouver seule avec quelqu’un et de devoir me « connecter » à cette personne pour exprimer quelque chose d’elle qu’on ne perçoit pas seulement avec ses yeux. Je pourrais faire autrement, ne pas me prendre la tête et réaliser d’autres types de portraits mais je n’en ai pas envie. Je veux faire comme je le ressens. Je dois donc piocher des ressources en moi même.
Photographier les émotions
Il fallait donc que je m’exerce et la meilleure personne pour me challenger c’est ma fille. Avec elle, la communication est, avant tout, émotionnelle. Je ne peux rien lui demander de faire. Je dois prendre ce qu’elle me donne. C’est moi qui fait tout et je dois composer avec elle pour exprimer ce que je veux et ressens.
Je voulais du flou et des mains. Pas que ça non plus mais c’était mon intention première. Le flou exprime parfaitement tout ce qui n’est pas palpable, à mon sens. Je voulais des mains car c’est une partie du corps humain qui exprime tellement… Encore une fois, j’ai utilisé la technique du freelensing pour accentuer les flous. J’adore cette technique ! J’ai également testé de nouveaux cadrages, inspirés par Luis Garvan.
Portrait d’Homme, portrait d’âme
J’ai vraiment eu cette sensation d’être entrée en connexion avec Eléanore. Chacune branchée sur les émotions et ressentis de l’autre. Voilà. C’est ça que je veux. C’est ce genre de lien que je crée avec mes photographiés. C’est ce qui fait qu’on se sent proche et qu’on se comprend. C’est comme ça que je réussi à faire de belles images d’eux mêmes qui les touchent. Grace à cette formation, j’ai pu réaliser des portraits authentiques de mes proches, chose qui était difficile à réaliser pour moi. J’accepte de plus en plus cette hypersensibilité qui fait partie de moi, qui fait que je suis moi, qui m’aide à créer ce genre d’images, qui me pousse à vouloir rester moi même et qui me donne encore plus envie de photographier l’humain.
Mon mari et mon fils se sont également prêtés au jeu (bon, mon fils, juste une photo hein parce que ça le soule). Réapprendre à regarder mon mari, à me connecter à lui, voir ce qu’il me donnait… c’était génial ! Le moment est plus guidé qu’avec ma fille, forcément, mais je trouve que les images n’en sont pas moins fortes car la connexion est là. Suite à ces séries, j’ai décidé de créer une nouvelle prestation et une nouvelle catégorie sur mon site qui s’intitule : Portrait d’Homme, portrait d’âme.
Bonjour,
Ton stage aura été en effet très bénéfique. Je ne vois pas tout à fait la différence avec avant mais oui, le flou léger c’est magique. Écoute je ne peux faire autrement que de te dire à quel point tes photos sont très fortes. Le noir et le blanc. Le cadrage, les modèles. Je suis fascinée. Ton fils est incroyablement beau, ton mari aussi. Ta petite fille est divine et en sachant aussi de quelle maladie elle est atteinte, on a le coeur serré. D’autant plus que son regard profond, pour moi en tout cas, est indéchiffrable.